Une exposition des œuvres de sœur Jeanne Reitlinger a été inaugurée le 1er septembre dans le nouveau centre du Fond-Bibliothèque « La Russie à l'étranger » à Moscou. Une des salles du Centre présente six panneaux de peintures de l'ancienne église saint Jean le Guerrier de Meudon, exécutées dans les années trente par sœur Jeanne. Ces œuvres ont été recueillies par Nikita Struve in extremis, dans les années quatre vingt dix, alors que cette église devait être démolie, puis transférées en Russie en 2003.
Maria Struve, épouse de Nikita Struve, fille du père Alexandre Eltchaninoff, a bien connu sœur Jeanne et s'est initiée à la peinture des icônes avec elle. Maria Struve explique bien la genèse de l’œuvre de sœur Jeanne, et estime qu'il s'agit là d'un langage de l'icône renouvelé, traditionnel et novateur à la fois, s'épanouissant en toute liberté.
Note biographique
S œur Jeanne (Ioulia) Reitlinger (1898-1988) est née et a grandi à Saint-Pétersbourg. En 1918, elle fait la connaissance en Crimée du père Serge Boulgakov dont elle devient la fille spirituelle et une amie proche. Cette rencontre devait être déterminante.
En 1921 elle se rend de Crimée à Varsovie, puis à Prague et à Paris, où elle s’adonne activement à l’iconographie. Elle consulte des maîtres vieux-croyants, prend des cours d’art religieux dans l’atelier de Maurice Denis. Sa recherche d’un nouveau langage iconographique la rapproche du cercle des penseurs religieux russes : Nicolas Berdiaev, Boris Vycheslavtsev, Georges Fedotov, Basile Zenkovsky, Vladimir Il’ine et, enfin, de mère Marie (Skobtsov). Son goût pour les grandes surfaces a pu se donner libre cours dans les peintures murales de l’église de Saint Jean le soldat à Meudon, puis en 1947 dans celle de la chapelle de la Fraternité Saint Alban et Saint Serge à Londres. Elle travaille aussi beaucoup à Paris : iconostase pour la communauté de mère Marie, rue Lourmel, tryptique pour la Fraternité de Saint Alban et Saint Serge, ainsi que de très nombreuses icones. En 1935, le métropolite Euloge (Gueorguievski) lui confère les ordres monastiques mineurs.
De retour en Russie en 1955, Sœur Jeanne est envoyée en résidence à Tachkent. Lors de ses séjours d’été à Moscou, elle fit la connaissance du père Alexandre Men’, qui fut son père spirituel dans les quinze dernières années de sa vie. A sa demande, elle peignit de nombreuses icônes, qu’elle faisait parvenir secrètement à ses enfants spirituels. Sœur Jeanne meurt «dans le schème définitif: aveugle et sourde, priant jusqu’à la dernière seconde ».
La première exposition de ses icônes a eu lieu en 2000, dans le Musée d’art russe ancien André Roublev à Moscou.
Source et photo : Blagovest-info.ru