Le professeur Ehud Netzer, l'archéologue qui a identifié l'emplacement du tombeau du roi Hérode à Hérodium a dit mardi dernier que la tombe avait été profanée, apparemment très peu de temps après la mort du roi. Il a estimé néanmoins que la découverte constituait un moment très important. L’Université hébraïque de Jérusalem a annoncé lundi dernier la découverte du tombeau d'Hérode, qui régna sur la Judée au nom de l'Empire romain à partir de l'an 37 avant l'ère commune. Le professeur Ehud Netzer a indiqué aux journalistes que le tombeau fut révélé quand une équipe de chercheurs avait trouvé des éléments provenant d'un sarcophage en calcaire. Bien qu'il n'y ait pas eu d'ossements, l'emplacement du sarcophage et son apparence ornée indiquaient qu'il avait appartenu à Hérode. « Ce n'est pas le genre de sarcophage que l'on voit n'importe où », dit Netzer, « C'est quelque chose de très spécial ».
Netzer indiqua que le sarcophage avait été réduit en morceaux, très probablement par quelqu'un qui voulait se venger d'Hérode pendant la grande révolte des juifs entre 66 et 72 de l'ère commune.
« La découverte de la tombe est le point culminant des fouilles sur le site » a dit Netzer.
Le professeur, considéré comme un des spécialistes les plus reconnus de l'histoire du roi Hérode fouille à Hérodium depuis 1972, dans l'espoir de localiser le tombeau.
La découverte a résolu un des mystères les plus anciens de l'archéologie
d'Israël. La plupart des chercheurs croyaient qu'Hérode avait été effectivement enterré à Hérodium, se basant sur les écrits de l'historien Joseph Flavius mais de nombreuses fouilles n'avaient pas permis de trouver la tombe.
La campagne menée par Netzer se concentra sur une autre zone, par rapport aux tentatives précédentes, entre la partie haute du lieu et les deux palais du site.
Hérodium, un palais fortifié érigé par Hérode à quelque 12 kilomètres au sud de Jérusalem, fut détruit par les Romains en l'an 71 de l'ère commune.
Hérode, dont le père et le grand-père s'étaient convertis au judaïsme, fut nommé gouverneur de Galilée à l'âge de 25 ans et fut instauré « Roi des Juifs » par le sénat romain vers l'an 40 avant l'ère commune. Il régna pendant à peu près 34 ans.
On attribue à Hérode, dit le Grand, l'agrandissement du deuxième Temple et l'établissement de Césarée, Massada et beaucoup d'autres projets d'ordre monumental. Après une longue maladie, il est mort en l'an 4 avant l'ère commune à Jéricho.
Hérode avait décidé de faire construire son tombeau à Hérodium car le site avait joué un rôle lors de deux événements qui marquèrent sa vie. En 43 avant l'ère commune, lorsque Hérode était encore gouverneur de Galilée, il fut obligé de fuir Jérusalem avec toute sa famille, après que les Parthes, ses ennemis, avaient mis le siège devant la ville.
Le chariot de sa mère s'était renversée près d'Hérodium et Hérode réagit de façon toute à fait hystérique, avant de se rendre compte qu'elle n'avait été que superficiellement blessée. Hérode et ses hommes sortirent victorieux de la bataille qui s'en suivit.
Sur le site d'Hérodium, Hérode fit construire un des complexes royaux les plus vastes de l'empire romain. Il fonctionnait comme palais résidentiel, comme sanctuaire, centre administratif et mausolée. Hérode commença par faire élever une colline conique qui était visible de Jérusalem. Là-dessus, il fit construire un palais fortifié entouré de tours de garde qui ne servaient qu'en temps de guerre…
Au pied de la colline, il ajouta un autre palais, qui avait les dimensions d'une petite ville et qui fut connu sous le nom de « Hérodium le bas ». Le palais comprenait beaucoup de bâtiments, des jardins luxueux, des plans d'eau, des écuries et des entrepôts.
Hérode ne recula devant aucune dépense dans son désir de créer un véritable joyau, amenant de l'eau des sources de Salomon et une terre spéciale, destinée à permettre à ses jardins de fleurir au coeur du désert.
Après la mort d'Hérode, son fils et héritier Archilaüs continua à y résider. Quand la Judée devint une province romaine, le site servait de centre pour les préfets romains.
Lorsque éclata la grande révolte, les rebelles se saisirent d'Hérodium mais après la chute de Jérusalem en l'an 70 de l'ère commune, ils le rendirent sans résistance aux Romains.
Cinquante ans plus tard, Hérodium fut de nouveau utilisé par les rebelles pendant la révolte de Bar Kochba, mais ce fut abandonné par la suite.
Au 5° siècle de l'ère chrétienne, des moines byzantins utilisèrent le site, puis il servit de léproserie, avant d'être abandonné au 7ème siècle de l'ère chrétienne.
Les premières fouilles sur le site, entre 1956 et 1962, et dirigées par un franciscain, révélèrent la plupart des vestiges actuellement visibles. Israël commença des fouilles sur le site en 1972, quelques années après l'avoir capturé pendant la guerre de six jours.
Source : Haaretz.com