A l’occasion de la parution d’un livre de Thomas Grimaux intitulé Le Livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes (éd.Favre), l’agence Zenit propose un entretien avec son auteur qui est diffusé en plusieurs parties.
La
première partie,
introductive, évoque notamment les trois sources actuelles de persécution :
«(…) les fondamentalismes hindouiste ou bouddhiste (que nous traitons ensemble
en raison de certaines similitudes) ; le communisme ; l’islamisme (que je
distingue de l’Islam).»
Dans la deuxième partie de l’entretien, qui porte principalement sur l’Europe de l’est, la situation à l’époque soviétique est évoquée, par le biais d’un rapport de 1995: « Ce « Rapport » est peu connu. Pourtant, il est instructif au sens où il montre l'ampleur de cette persécution. Publié à Moscou le 27 novembre 1995, le rapport a été établi par une commission ad hoc, instituée par le Président Eltsine. Il fut donc le premier rapport officiel. On y découvre que, de 1917 à 1980, ce sont des centaines d'évêques orthodoxes, des dizaines de milliers de prêtres et des millions de fidèles qui ont été exterminés en raison de leur foi. On ne parle habituellement que des premiers mais j'ai pu rencontrer un certain nombre de prêtres ayant connu les geôles communistes durant vingt, trente ans. Ceux-ci, la gueule cassée à coup de poings, au corps abîmé par des traitements inhumains, par des privations, des vexations, ont su, pour la plupart, rester dignes. Mieux, une fois libérés, une fois leur pays recouvrant la liberté, ils ne se sont jamais autorisé une parole de vengeance : ils avaient pardonné du fonds de leur cœur ! (…)On y apprend que Lénine, dans un message secret adressé au « Politburo », recommandait d'abattre les membres les plus représentatifs du clergé réactionnaire : « C'est maintenant, écrivait-il, que nous devons leur donner une leçon, afin que, pour plusieurs décennies, ils ne songent même plus à résister. » Le rapport donne des chiffres terrifiants : « En 1937, 136.900 ecclésiastiques orthodoxes ont été arrêtés et 85.300 tués. 28.300 ont été arrêtés et 21.500 tués en 1938. En 1939, sur 1.500 personnes arrêtées, 900 ont été tuées. Même durant la deuxième guerre mondiale, quand Staline autorisa la réhabilitation partielle de l'Eglise, chaque année plus de 100 prêtres orthodoxes ont été exécutés ». Le rapport de 1995 avance l'assassinat de 200.000 prêtres orthodoxes en tout ! L'histoire précisera sans doute ultérieurement. Mais, dès à présent, grâce à l'annuaire de l'Eglise russe d'avant la Révolution d'Octobre, on sait qu'il y avait, en 1916, 147 évêques, 117.915 membres du clergé, 21.330 moines et 73.299 moniales. On dénombrait 547 monastères féminins et 478 masculins. Lors de l'invasion allemande, seuls quatre évêques exerçaient encore leur fonction.»
La troisième et dernière partie de l'entretien concerne les persécutions de la part des islamistes.