Mon ami, si tu fais un bon commencement, tu achèveras ton grand âge agréablement et tu seras comme une lampe qui en éclaire beaucoup dans la voie du Seigneur. Pose des fondations résistantes pour que ton œuvre soit exaltée. Si tu viens à la vie monastique après avoir été très à l’honneur dans la vie du monde qui est vanité, garde-toi du démon de l’élévation de peur qu’il te domine et te conduise à la perdition.
Il n’y a pas pour toi de honte à demeurer dans la soumission dans le
Seigneur et à travailler au bien par tes propres mains. Car cette
petite tribulation qui te pèse, et que tu supportes à cause du
Seigneur, deviendra pour toi principe de la vie éternelle. Que dire
encore ? Les lutteurs et les travailleurs spirituels supportant toutes
les oppressions de la vie en échange de la gloire qui leur sera plus
tard révélée sont semblables à un homme qui échange une seule drachme
contre mille talents d’or. Tu concèdes un peu et tu gagnes beaucoup en
retour.
Ecoute une parabole : “Deux athlètes vinrent ensemble pour
lutter contre leurs adversaires. L’un portait un vêtement
resplendissant tandis que l’autre était pauvrement vêtu. Tous deux
quittant leurs habits entrèrent nus dans le stade.”
Qu’en conclure ? Celui qui s’est défait de son vêtement resplendissant va-t-il le faire venir pour qu’il lui soit une aide au moment du combat contre son adversaire ? Ne va-t-il pas plutôt, après l’avoir laissé derrière lui comme quelque chose d’inutile pour son combat, s’employer à faire preuve contre son opposant de courage et de vigoureuse habileté ? Ainsi en est-il de toi. Ne tiens pas compte de ce que tu as abandonné. Car chacun a laissé ce qu’il possédait et a dépouillé le vieil homme pour revêtir le nouveau. Prends plutôt sur toi l’humilité, sachant que tu es entré nu pour combattre comme tous les autres athlètes avec toi et qu’il est écrit : “Ce qui est hautement estimé par les hommes est une abomination pour Dieu. (Lc. 16,15)” Et ne t’élève pas en pensée à propos de ta sagesse selon le monde, car la sagesse du monde, est-il dit, est folie pour Dieu(1Cor. 3,19.). Et encore : “Celui qui parmi vous veut être sage dans ce siècle, qu’il se fasse fou pour devenir sage.(1Cor. 3,18)”.