Dans son rapport sur l’année 2007 la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) s’inquiète de la nette recrudescence du satanisme en France (p.107-110).
Extraits : «
(…) ce phénomène n’a jamais diminué et s’il n’atteint pas des proportions
alarmantes, il reste qu’il est en augmentation permanente et qu’il s’accompagne
de dérives particulièrement scandaleuses pour l’opinion publique. Cet état de
fait ainsi que les informations remontées à la MIVILUDES
concernant ces dérives l’ont conduite à présenter, en novembre 2006, deux livrets
publiés par la Documentation française :
• Le
premier s’intitule « Le
satanisme, un risque de dérive sectaire » (pour le consulter et le
télécharger, cliquez
ici, ndr), et il est à destination du grand public,
• Le
second sous le titre « Les dérives sataniques, guide pratique de l’enquêteur »,
s’adresse aux services de justice, de police et de gendarmerie.
(…),
les faits sont éloquents :
• 92
cas de profanations à caractère satanique du 1er janvier au mois de novembre
2007 (soit une augmentation de 300 % sur les trois dernières années).
Pour le seul mois d’avril 2007, on a noté un cas de profanation par jour
en moyenne.
• Les
suicides de jeunes, liés à l’appartenance satanique, sont en augmentation. Il
convient également de prendre en compte les conduites déviantes, scarifications,
auto-mutilations diverses, qui nécessitent ensuite un suivi thérapeutique des
jeunes concernés, par des psychologues ou des psychiatres.
• Des
délits comme l’incitation à la haine raciale, l’incitation au suicide, ou
encore la commission d’actes de barbarie, notamment à l’égard d’animaux.
Ces
faits étant rappelés, il faut préciser qu’il a été constaté au cours des deux
dernières années que ce phénomène était en train d’opérer une mutation dans le
sens de la radicalisation des exactions commises par les adeptes. D’abord, il n’est
plus rare d’assister à des profanations accompagnées d’exhumation de corps et d’atteinte
à l’intégrité des cadavres (profanation du Morbihan février 2006). Ensuite, si
les mouvements purement lucifériens paraissent en perte d’audience, on voit
naître un satanisme qui, au-delà des croyances traditionnelles 7, s’inspire de
l’idéologie nazie et des croyances celtique ou nordique et qui attire davantage
les jeunes que les formes de satanisme antérieures à connotation plus
ésotérique, ou occultiste.
(…)
La
mouvance satanique repère, récupère et instrumentalise la fragilité de certains
jeunes en souffrance identitaire, en angoisse de l’avenir, en rupture familiale,
en échec scolaire, notamment en leur proposant une idéologie de révolte qui
semble répondre à leurs attentes, leurs besoins, leurs envies.
(…)
Alors
qu’elle étudie le phénomène satanique depuis 2004, la MIVILUDES a noté qu’elle
avait été, en 2007, sollicitée beaucoup plus souvent par des familles dont les
enfants étaient devenus dépendants de contacts électroniques via internet, à l’origine
de troubles comportementaux assez effrayants pour leur entourage direct, et
même sans rencontre physique avec leurs « initiateurs». Certains en sont
arrivés à pratiquer de véritables rituels sataniques, les familles signalant
également des scarifications sataniques aboutissant à des évanouissements, des
sensations d’étouffements etc.
La
problématique liée à cette mouvance amène les médecins et les chercheurs à s’intéresser
à ce sujet et à ses conséquences sur le double plan psychologique et médical.
Ainsi une thèse présentée en avril 2007 par le docteur Guivier mentionne que la
pratique de la doctrine satanique repose sur des rituels qui «ne doivent pas
être pris à la légère puisque consistant en des rituels magiques». S’il ne
semble pas exister de doctrine imposée quant à la pratique même ; des
rituels, il reste que des éléments récurrents paraissent incontournables. Il s’agit
de processus rituels qui se basent sur «l’énergétisation des sentiments et
de l’émotion » et qui peuvent être divisés en trois catégories :
–
rituels sexuels (accomplissement de ses désirs) ;
–
rituels de compassion (faire accomplir ses enchantements) ;
–
rituels de destruction (exprimer ses colères).
Le
docteur Guivier détaille ensuite les risques médicaux encourus par les jeunes
adeptes du satanisme. L’attirance pour le morbide, les tendances suicidaires,
leur intérêt pour l’irrationnel, le symbolisme sont ainsi instrumentalisés dans
des sites internet où la mort, la violence sont banalisées, dans un mélange de
réalité et de fiction difficilement décryptable par le néophyte.
La
dépendance virtuelle à l’égard de l’image, qui au-delà du fait qu’elle sert les
intérêts financiers de certains groupes ou individus manquant singulièrement d’éthique
et de sens moral, fait sauter des verrous psychologiques ou des tabous, le
respect dû à un mort par exemple.
(…)
Aujourd’hui,
en raison du secret dont s’entourent ces groupes, il est difficile d’en estimer
le nombre et notamment celui des groupes structurés, mais les services
spécialisés considèrent que le nombre d’adeptes de la mouvance satanique au
sens large, toutes branches et chapelles confondues, est de l’ordre de 25 000
personnes en France, dont 80 % se situe dans la tranche d’âge des moins de 21
ans. »