Le président du département des relations extérieures de l’Eglise (DREE) du Patriarcat de Moscou, Mgr Cyrille, métropolite de Smolensk et de Kaliningrad, dans son intervention lors de la séance du concile épiscopal a remarqué que le travail pastoral et missionnaire dans la diaspora, et l'élargissement de l'activité ecclésiale qui en découle, est conditionné par des problèmes spécifiques. « Certains d'entre eux sont liés à la sphère des relations interorthodoxes, qui, comme le patriarche Alexis a remarqué dans son exposé, laissent à désirer », a souligné Mgr Cyrille.
Mgr Cyrille a également
remarqué que depuis les années 20 du siècle passé on rencontre constamment le
problème lié à l'interprétation particulière du 28ème canon du IVe concile
œcuménique, où est mentionné le sacre des évêques
«chez les barbares» de la région du Pont, de l’Asie et de la Thrace. Le Patriarcat
de Constantinople en a conclu que seule l'Église de Constantinople a la
juridiction ecclésiastique en dehors de ses limites territoriales, à savoir
dans le monde entier, donc largement au-delà des régions mentionnées dans le 28ème
canon.
« Tant que notre Église
subissait en martyr les persécutions du pouvoir athée, elle n'avait pas la
possibilité d'entrer dans les discussions à grande échelle sur cette question
et ne pouvait pas mener de dialogue à ce sujet avec les autres Eglises.
Aujourd’hui, on essaie de présenter cette interprétation comme opinion générale
et comme consensus de tous les orthodoxes, bien que toutes les Églises ne
soient pas d'accord avec une telle interprétation du canon 28 », a déclaré
le président du DREE.
Sans s’arrêter en détail sur
l'analyse canonique de cette théorie, faite depuis longtemps par les
théologiens russes et non-russes, le métropolite Cyrille est revenu sur
plusieurs nouveaux éléments qui se manifestent ces derniers temps dans ces
interprétations. Ils donnent l'impression d’un développement progressif d’une
nouvelle ecclésiologie, auparavant inconnue de la conscience orthodoxe,
laquelle peut être brièvement résumée par les thèses suivantes :
1. Une Église locale est et a
toujours été considérée comme orthodoxe seulement si elle est en communion avec
le Patriarcat de Constantinople.
2. Tout évêque ou clerc se trouvant en dehors des frontières géographiques de
son Eglise locale, appartient à la juridiction du Patriarcat de Constantinople,
même si lui-même n’a pas conscience de cela. C'est pourquoi l'acceptation
formelle d’un tel clerc dans la
juridiction de Constantinople peut se faire à l'insu de l’évêque qui l’a
ordonné, sans la lettre de congé
canonique et contre la volonté des autorités ecclésiastiques (comme ce fut le cas avec Mgr Basile, ancien évêque de Sergievo, et le
groupe des clercs du diocèse de
Souroge).
3. Le Patriarcat de Constantinople établit les frontières
des Églises, et même si son opinion sur cette question ne coïncide pas avec
l'opinion d’une autre Église, il peut néanmoins instaurer sur le territoire de
cette Eglise sa propre juridiction (comme cela s’est fait en Estonie).
4. Le Patriarcat de
Constantinople décide de son propre chef, qui peut et qui ne peut pas participer
aux événements interorthodoxes. C'est pourquoi, par exemple, la juridiction de
Constantinople en Estonie peut être invitée à de tels événements, mais l'Eglise
orthodoxe estonienne du Patriarcat de Moscou ou l'Eglise orthodoxe d'Ukraine
est absente, de même que l’Eglise orthodoxe autonome japonaise ou l'Eglise
orthodoxe autocéphale en Amérique.
« Pour les représentants
du trône patriarcal de Constantinople le fait que cette conception ne se
réalise pas complètement et pas partout et que dans les pays de la diaspora
existent d’autres juridictions ecclésiastiques, s’explique par sa longanimité
et a un caractère temporaire. Toutefois, selon eux, dans chaque pays de la
diaspora orthodoxe, le hiérarque de l'Église de Constantinople, ayant la
primauté hiérarchique, doit représenter les intérêts de tous les orthodoxes
dans les relations avec le gouvernement, les autres confessions, les
organisations gouvernementales et interconfessionnelles» a observé le
rapporteur.
«Quelle doit être la réaction
de l'Eglise orthodoxe russe aux innovations mentionnées de l'Église de
Constantinople est une question sérieuse portée à la réflexion
conciliaire » a dit Mgr Cyrille. Il a également mentionné que cette
situation est liée à la question du dialogue de l’Eglise orthodoxe russe avec
les autres confessions et à celle de sa participation aux organisations
internationales. « Il ne s’agit pas d’une ambition quelconque de l’Eglise
orthodoxe russe, mais de notre désir que notre compréhension de la tradition
orthodoxe, d’après laquelle nous agissons, soit présentée de manière juste
devant tout le monde. Aspirer à cela est notre devoir », a aussi remarqué
Mgr Cyrille.
Traduit du russe pour Orthodoxie.com
Source : Sobor2008.ru