11e dimanche après la Pentecôte
Mémoire de saint Paulin de Trèves.
Calendrier julien: dimanche d'après-fête de la Dormition. Saints martyrs Flore et Laure et leurs compagnons, saint Arsène le Nouveau de Paros.
Épitre : 1 Corinthiens 9, 2-12
Frères, si pour d’autres, je ne suis pas apôtre, je le suis du moins pour vous ; car le sceau de mon apostolat, c’est vous qui l’êtes, dans le Seigneur. Ma défense contre mes accusateurs, la voici. N’aurions-nous pas la liberté de manger et de boire ? N’aurions-nous pas la liberté d’être accompagnés partout d’une femme, d’une sœur, comme les autres apôtres, les frères du Seigneur et Céphas ? Moi seul et Barnabé n’avons-nous pas la liberté de ne pas travailler ? Qui sert jamais dans l’armée à ses propres frais ? Qui plante une vigne sans en manger les fruits ? Ou qui fait paître un troupeau sans se nourrir du lait du troupeau ? Cela n’est-il qu’un usage humain, ou la Loi ne dit-elle pas la même chose ? En effet, il est écrit dans la loi de Moïse : « Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain ». Dieu s’inquiète-t-Il des bœufs ? N’est-ce pas pour nous qu’Il parle ? Oui, c’est pour nous que cela a été écrit ; car il faut de l’espoir chez celui qui laboure, et celui foule le grain doit avoir l’espoir d’en recevoir sa part. Si nous avons semé pour vous les biens spirituels, serait-il excessif de récolter vos biens matériels ? Si d’autres prennent part de cette liberté à votre égard, pourquoi pas nous à plus forte raison ? Mais nous n’avons pas usé de cette liberté. Nous supportons tout, au contraire, pour ne créer aucun obstacle à l’Evangile du Christ.
Évangile : Matthieu 18, 23-25 (n. trad.)
En ce temps-là, (après avoir dit de pardonner soixante-dix-sept fois sept fois), Jésus dit cette parabole.
« Aussi le Royaume des cieux ressemble-t-il à un roi humain qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait ce bilan, quand on lui en amena un qui devait dix mille talents. Comme il n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre ainsi que sa femme, ses enfants et tout ce qu’il possédait, et de rembourser sa dette. Se jetant alors à ses pieds, le serviteur, prosterné, lui disait : « Sois patient avec moi, et je te rembourserai tout ! » Pris de miséricorde, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette. En sortant, ce serviteur rencontra un de ses coserviteurs, qui lui devait cent pièces d’argent ; il le saisit et l’étouffait, en lui disant : « Rembourse ce que tu dois ! » Son coserviteur se jeta donc à ses pieds et il le suppliait en disant : « Sois patient envers moi, et je te rembourserai ! » Mais l’autre ne voulut pas : mais il le fit jeter en prison, jusqu’à ce qu’il eût remboursé ce qu’il devait. Voyant ce qui venait de se passer, ses coserviteurs furent profondément attristés et ils allèrent informer leur maître de tout ce qui était arrivé. Alors, le faisant venir, son maître lui dit : « Mauvais serviteur, je t’avais remis toute ta dette, parce que tu m’en avais supplié. Ne devais-tu pas, toi aussi, faire miséricorde à ton compagnon, comme moi-même je t’avais fait miséricorde ? » Et, dans sa colère, son maître le livra aux tortionnaires, en attendant qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi, conclut Jésus, que mon Père céleste fera avec vous, si chacun ne pardonne pas à son frère du fond de son cœur. »
Catéchèse : cet évangile commente le Notre-Père, actuel pour notre temps qui ne connait que droits et devoirs.
1. « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs » : faire pour autrui ce que Dieu fait pour nous…. Chacun exige d’autrui ce qu’il lui doit. Mais, pensons à la dette que nous avons envers Dieu – ces commandements que nous n’appliquons pas encore ! Dieu, non seulement nous a remis notre dette, mais Il a payé Lui-même sur la Croix notre grande dette d’amour et d’obéissance ; Il a accompli Lui-même en son humanité toute la volonté divine.
2. La remise des dettes n’est pas seulement un devoir : elle est surtout un pouvoir charismatique inclus dans la grâce du saint baptême, de l’onction chrismale et de l’eucharistie. Elle est notre capacité, notre liberté royale de Peuple saint.
3. Par ce pouvoir le chrétien apporte à notre société ce qu’elle ne peut produire. Le pardon et la remise des dettes sont prophétiques. Ils sont à l’avant de l’Histoire. Ils anticipent le dernier Jour et le grand Tribunal de l’amour miséricordieux.
(Père Marc-Antoine Costa de Beauregard)