Dimanche de l'orthodoxie, premier dimanche du grand Carême
Tropaire de la Résurrection en ton 5 : Verbe coéternel au Père et à l’Esprit,+ Toi qui es né de la Vierge pour notre salut,/ nous te chantons, nous les fidèles, et t’adorons, Seigneur ;// car Tu as bien voulu souffrir en montant sur la Croix pour y subir la mort en ta chair/ et ressusciter les morts en ta sainte et glorieuse Résurrection.//
Épitre : Hébreux 11, 24-26, 32-40 ; 12, 1-2.
Frères, c’est par la foi que Moïse, « devenu grand », refusa d’être fils d’une fille de Pharaon, aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que de connaître l’éphémère jouissance du péché : tel un bien supérieur aux trésors de l’Egypte lui parut « l’opprobre du Christ », car il avait les yeux fixés sur la récompense.
Que dire encore ? Le temps me manquerait si je voulais exposer en détail ce qui concerne Gédéon, Barak, Samson, Jephté, David, ainsi que Samuel et les prophètes, eux qui, grâce à la foi, soumirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent l’accomplissement des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la violence du feu, échappèrent au tranchant du glaive, tirèrent force de leur faiblesse, montrèrent de la vaillance au combat, repoussèrent les invasions étrangères ; et des femmes ont recouvré, par la résurrection, leurs enfants.
Quant aux autres, ils se sont laissé torturer, refusant leur délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection. D’autres subirent comme épreuve la dérision et les coups de fouet, ainsi que les chaînes et la prison. Ils ont été lapidés, sciés, ils ont péri par le glaive, ils sont allés çà et là, sous des peaux de mouton ou des toisons de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde était indigne, errant dans les déserts, les montagnes, les cavernes et les creux de la terre. Et, bien que leur foi leur ait valu un bon témoignage, tous ceux-là n’ont pas bénéficié de la promesse, car Dieu avait prévu pour nous un sort meilleur, afin qu’ils ne puissent pas sans nous parvenir à la perfection.
Évangile : Jean 1, 43-51 (notre trad.)
En ce temps-là, le lendemain (du jour où Jésus avait nommé Simon Pierre), Il voulut se rendre en Galilée : Il trouve Philippe. Jésus lui dit : « Suis-moi ! » Philippe était de Bethsaïde, de la ville d’André et de Pierre. Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont ont écrit Moïse, dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l’avons trouvé : Jésus, le fils de Joseph, celui de Nazareth. Et Nathanaël lui dit : « De Nazareth peut-il être quoi que ce soit de bon ? » Philippe lui dit : « Viens et vois ! » Jésus vit Nathanaël venir vers lui et Il dit de lui : « Voici vraiment un Israélite : en lui il n’est pas de ruse. » Nathanaël lui dit : « D’où me connais-Tu ? » Jésus lui dit en réponse: « Avant que Philippe ne t’appelât, quand tu étais sous le figuier, Je t’ai vu. » Nathanaël lui répondit : « Rabbi, Tu es en vérité le Fils de Dieu, Tu es le roi d’Israël ! » Jésus lui dit en réponse: « Parce que Je t’ai dit que Je t’ai vu sous le figuier, tu as la Foi ? Tu verras bien plus que cela ! » Et Il lui dit : «Amen ! Amen ! Je vous le dis, désormais vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’Homme!»
Catéchèse : l’icône (dont c’est la fête) atteste la relation réelle du croyant et du Seigneur (ex. des prophètes en ce jour), sur la base de l’incarnation du Seigneur : elle propose la vision charismatique que le croyant peut avoir du Christ par le saint Esprit. L’enjeu de la Pâque est la restauration de l’écoute de la Parole et de la vue de la Parole faite chair. Le péché est souvent l’ingratitude et la cécité : l’incapacité de voir en tout la présence de Dieu et sa bonté, et de le glorifier avec ferveur. Le jeûne de la vue (audio visuel, médias) contribue à libérer (« délier ») de la dépendance à l’image ou de sa banalisation : trouver un meilleur regard et une plus juste et sincère vénération des saintes icônes - dans l’image il y a la présence – regarder et se laisser regarder... On peut guérir l’hypnose de l’écran par la lecture de la Parole, qui purifiera notre imaginaire et l’œil intérieur de notre âme. On peut regarder avec foi et amour les paysages de la Création et surtout les visages – icônes de la présence cosmique et humaine du Créateur – croiser le regard de Jésus et du prochain. On peut ainsi garder ses yeux de bien des images vaines, séductrices et polluantes. Sceau de l’image de Dieu, et appelé à lui ressembler, Frère humain, toi aussi tu es icône de Dieu, non faite de main humaine, et qui répond à l’icône peinte !
(Père Marc-Antoine Costa de Beauregard)