L’assemblée annuelle du clergé du métropole du Monténégro de l’Église orthodoxe serbe s’est réunie autour du métropolite Amphiloque le 2 janvier au monastère des Saints-Archanges à Ždrebaonik, près de Danilovgrad, auprès des reliques de saint Arsène de Srem, le second archevêque de Serbie, successeur de saint Sava, dont les reliques se trouvent depuis des siècles au Monténégro. Après la liturgie célébrée par Mgr Amphiloque et le clergé, puis les agapes fraternelles, différents exposés ont été présentés. Le métropolite Amphiloque a évoqué son travail pastoral au cours de l’année passée, notamment son séjour en Amérique latine, où il est désormais locum tenens de ce nouveau diocèse de l’Église orthodoxe serbe. Les responsables ont également fait des rapports sur la vie des différents doyennés. Le communiqué de la métropole s’étend ensuite sur la situation de l’Église au Monténégro :
« Constatant que la vie pastorale et spirituelle de la métropole du Monténégro et du Littoral continue à se développer pour l’utilité de la toute l’Église et des fidèles qui leur sont confiés, les prêtres expriment leur préoccupation au sujet des nombreuses pressions extérieures sur l’Église orthodoxe dans leur pays, qui est incarnée au Monténégro par leur métropole et encore trois diocèses de l’Église orthodoxe serbe. Des chantages politiques inconvenants et des attaques sans fondement et dont on ne voit pas la fin contre le métropolite, les prêtres et les fidèles orthodoxes, prennent avec le temps, un aspect de plus en plus primitif et brutal. Tout cela se traduit par des actes de violence de la part de certains organes de l’État et l’utilisation de méthodes illégales dans la lutte contre l’Église, dont on ne peut trouver un précédent même du temps de la tyrannie communiste, créant une situation insupportable. L’Église orthodoxe fait face à des pressions – contrairement à toutes les autres communautés religieuse au Monténégro - se manifestant par l’appui ouvert et public à une certaine organisation pseudo-religieuse et non orthodoxe [la soi-disant « Église orthodoxe monténégrine » ndt] qui a pour intention de mettre en danger l’identité, la dignité et les biens de l’Église orthodoxe. Dans leur intention antichrétienne de supprimer la vie ecclésiale au Monténégro, certains organes d’État sont prêts à expulser, et ce à l’encontre de la Constitution, des prêtres et leurs familles, des moines et des moniales. Par une interprétation arbitraire et manipulatrice de la loi communiste sur le statut légal des communautés religieuses (1977), certains organes étatiques écrivent les pages les plus honteuses de l’histoire du Monténégro. L’expulsion du jeune prêtre Siniša Smiljić, l’avis d’expulsion à l’encontre de l’archiprêtre Velibor Đomić, les dizaines de refus opposés aux demande de permis de séjour au Monténégro à des personnes qui y habitent depuis une ou deux décennies, sont des expressions manifestes de la persécution de l’Église, de même que la procédure pénale en cours contre le métropolite Amphiloque et encore quelques prêtres du diocèse. Comme si tout cela ne suffisait pas, on annonce la saisie et la nationalisation de biens appartenant à l’Église (par exemple, l’église à Ćupur, près de Cetinje, et autres), on appelle sans vergogne à détruire des églises orthodoxes (l’église de la Sainte Trinité sur le Mont Rumija, l’église de la Très Sainte Mère de Dieu et de Saint Alexandre de la Néva à Sveti Stefan…). Les propositions, à la limite du chantage, en vue de résoudre la prétendue question ecclésiale au Monténégro, qui viennent de différents organes de l’État et de partis politiques, ont fait que même les idéologues et les porte-paroles de l’identité néo-monténégrine éprouvent de la honte devant les récents développement des événements, particulièrement en ce qui concerne la question du séjour des prêtres et moines qui ne sont pas citoyens du Monténégro.
Conscients des liens indissolubles de l’Église orthodoxe au Monténégro avec les archevêchés de Žiča et Peć, c’est-à-dire avec l’actuel Patriarcat de Serbie, le clergé de la Métropole exige la cessation immédiate de toutes les sortes de pressions sur l’Église orthodoxe et confesse son accord total avec la préservation de l’unité de notre Église locale serbe. Les intérêts mesquins et momentanés d’une oligarchie, les tentatives d’immixtion directe du pouvoir dans l’organisation interne de l’Église ne peuvent et ne pourront influencer l’ordre séculaire de l’Église et mettre en péril sa liberté donnée par Dieu. « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » est une parole du Christ qui se réalise aujourd’hui aussi au Monténégro, comme durant les années qui ont suivi la Seconde guerre mondiale. Le Monténégro était et doit rester une société de gens de bien, ayant l’esprit libre et leur fierté. Par les voies sur lesquelles certains engagent ce pays, et surtout par la destruction de la base sur laquelle il est fondé – l’Église orthodoxe du Christ – il est inévitable que celui-ci soit mené à l’agonie et l’autodestruction. Les divisions nationales ou de classe, provoquées artificiellement, causées par la violence, spirituelle, culturelle, éducative et économique, créent des plaies profondes et, on peut le craindre, incurables dans la société monténégrine. Elles ne se refermeront pas facilement et ne sont pour le bien-être d’aucun citoyen, et encore moins celui du Monténégro dans son intégralité.
Avec cette préoccupation, mais dans la certitude que la raison l’emportera, nous plaçons notre espoir en Dieu, dont le Fils Unique s’incarne par l’Esprit Saint pour nous pécheurs, et nous envoyons nos vœux aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté, en prononçant le salut joyeux et éternellement salvateur :
Le Christ est né ! En vérité, Il est né ! Nouvelle année bénie de la bonté du Seigneur ! »
Source : SPC.rs