La bienheureuse Matrone (1881-1952), l’une des plus grande saintes de la Russie contemporaine, est née aveugle et a perdu l’usage de ses jambes à l’âge de 17 ans. Elle aida de nombreuses personnes par son don de clairvoyance et par ses miracles. Son tombeau, au monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Moscou, attire chaque jour une foule de pèlerins. Le 2 mai 2012, le jour du soixantième anniversaire du trépas de la bienheureuse Matrone de Moscou et onzième anniversaire de sa canonisation, le patriarche Cyrille de Moscou a célébré la sainte liturgie au monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Moscou. À cette occasion, il a prononcé le sermon suivant :
« La vie de la sainte juste Matrone » a souligné le primat, « aide l’homme croyant, non pas autant intellectuellement que par le cœur, par l’expérience, à comprendre ce que signifie la croix du Christ, dont est chargé chaque homme. Le Seigneur a assigné à Matrone une croix particulière, d’un poids immense. Elle était aveugle, se déplaçait difficilement, et certainement, du point de vue de ceux qui circulaient alors dans les rues de Moscou et qui aspiraient à quelques objectifs de ce monde, sa vie était incompréhensible, obscure, lourde. Il y avait probablement des gens qui ne voulaient pas voir les souffrances de Matrone, parce que les fortes souffrances portent atteintes à la tranquillité intérieure de l’homme habitué à une autre vie, lui jettent un défi, lui présentent les questions les plus difficiles sur le sens de la vie humaine. Et ceux qui ne sont pas prêts à recevoir ces défis évitent, la plupart du temps, de regarder les souffrances pénibles de l’autre homme ». « La Croix » a continué le patriarche, « est donnée précisément pour que nous rachetions nos péchés et nous en purifions. Aucune épitimie, aucune sanction ecclésiale ne corrigent l’homme comme la croix qu’il porte. Et la croix de Matrone était telle, qu’en la portant chrétiennement, elle n’a pas seulement racheté ses péchés humains, mais s’est enrichie d’une grande grâce divine qui d’une femme simple, a fait d’elle une sainte ascète agréable à Dieu, qui a été glorifiée dans le peuple alors qu’elle était encore en vie.
En visitant ce saint monastère, en vénérant la tombe de sainte Matrone, nous demandons le plus souvent son aide dans les circonstances difficiles de la vie – celles-ci sont nos croix. Nous lui demander d’alléger ces croix, de guérir, de nous renforcer, de nous aider à trouver une solution à nos problèmes qui se produisent dans notre vie personnelle, familiale, dans notre travail. Mais en demandant cela à sainte Matrone et en recevant ce que nous avons demandé, nous ne devons pas oublier sa figure souffrante et être inspirés non pas seulement par le souhait d’être libérés de nos croix, mais par la conviction que le digne portement de la croix est la voie du salut. Aussi, il ne faut pas seulement demander à Matrone qu’elle ôte nos croix par ses prières à Dieu, nous guérissant de nos souffrances, mais qu’elle nous donne la force de porter dignement la croix, pour la gloire de Dieu et pour notre salut. La sainte et juste Matrone a été glorifiée par les miracles. Cela signifie que la grâce de Dieu était abondante en elle. Son portement de la croix, sa foi, ont acquis une telle force de l’énergie Divine, que celle-ci ne lui a pas seulement permis de ne pas ressentir les limitations de la vie liées aux maladies physiques graves, mais à partager le surplus de grâce avec ceux qui étaient autour d’elle, et avec ceux qui aujourd’hui accourent auprès de ses saintes reliques qui apportent la guérison. La force miraculeuse de Matrone de Moscou est liée directement à ses souffrances, ses tourments, le portement de sa croix salvifique. Aussi, que le Seigneur nous aide tous, alors que nous accourons auprès des reliques de la sainte et juste Matrone, en demandant de coopérer à régler nos problèmes de la vie, à remplir simultanément nos esprits et nos cœurs par la force de son exemple, à comprendre ce que signifie pour l’homme le portement de la croix que Dieu lui impose. Aussi, ni le murmure, ni la faiblesse, ni le doute, ni l’aigreur ne doivent nous accompagner lors de nos épreuves, mais c’est la gratitude envers Dieu pour tout ce qu’Il nous envoie. Et nous devons Lui demander l’aide pour que le portement de la croix qu’Il envoie, nous accorde la victoire sur les circonstances de la vie qui nous assaillent, la victoire sur notre état de pécheur, la victoire qui nous ouvre la porte de la vie éternelle ».
Source et photographie : Pravoslavie.ru